Prologue
La folie n'est pas une évolution de l'esprit humain. Non. Elle réside en chacun de nous, enfuit quelque part dans nos âmes, attendant patiemment le moment ou enfin elle pourra laisser libre cours à sa nature. Nous sommes tous fous. C'est amusant non ? C'est pourquoi à mes yeux le monde ne se scinde qu'en deux catégories. D'un coté les personnes niant totalement leur appartenance à ce mouvement, et de l'autre le peu de personnes l'ayant accepté.
Moi? Je ne suis pas fou. Je suis la folie même. Ton pire cauchemar et ta mort passée.
Act I.Cursed twins
Tous le monde vous dira que la naissance d'un enfant est un heureux événement. Que donner la vie est la joie la plus pur que puisse connaître une femme. Mais bien sur il ne s'agit que de mensonges filés au cours du temps, crées pour rassurer et bercer d'illusion les futurs parents.
Ma mère a fini par s'en rendre compte. Malheureusement pour elle, elle était déjà entrain d'accoucher. C'est donc ainsi que nous sommes nés, au milieu de la sueur et des cries de douleurs de notre génitrice. La première personne que nous fîmes souffrir, la première personne que nous tuâmes.
Une jeune femme vint par la suite vers nous et lui offrit un nom, tendit que moi, je restais inconnu à ses yeux, tapi au fond de notre esprit. Lioka Madoka, voilà l'identité de celui qui partage avec moi cette enveloppe charnel. Vous ne comprenez pas grand chose non ? Pourtant c'est très simple. Un corps pour deux âmes. Lioka le doux garçon gentil et attentionné et moi, son parfait contraire, crée et formé à partir de la folie même du monde.
Mais revenons à notre histoire si vous le voulez bien. Il fut adopté par une famille de tailleur, vivant dans un petit village paumé au milieu de je ne sais où. Dans ma grande bonté, je décidais de ne pas me manifester durant nos six premières années de vie. Si bien que même mon double ignora mon existence jusque-là...
Je me rappelle très bien de notre toute première conversation. Lioka était allongé sur son lit et s'amusait avec de petits animaux de bois, inconscient du fait que sa vie allait changer dans quelques secondes et à jamais.
-Lioka...le petit garçon releva la tête surpris, cherchant d’où pouvait provenir l'étrange voix qu'il venait d'entendre.
-Hahaaa tu me cherches c'est ça ?-Ou-oui...mais, qui est-là ?-Viens, lève toi et regarde ton reflet dans une glace...Je jubilais d'impatience, enfin ! Cela faisait tellement longtemps que j'attendais ce moment..
Comme on pouvait s'y attendre, Lioka se leva et traîna timidement les pieds jusqu'au petit miroir circulaire qui ornait un pan du mur de sa chambre.
-n'es pas peur, lève les yeux et regarde toi.Le petit garçon se tordait nerveusement les mains, hésitant entre fuir ou céder à sa trop grande curiosité. Finalement son vilain défaut prit le dessus sur sa peur et il releva timidement les yeux, dévisageant son reflet.
-Ou es-tu ? Je ne vois que...L'enfant se figea, un large sourire étirait les lèvres de son double. Pourtant, lui ne souriait pas.
-Ah bah voilà ! Tu me vois maintenant !Lioka cligna des yeux plusieurs fois et bougea une main devant le miroir. Par jeu sûrement, je lui fit une grimace, ce qui le fit sursauter.
-Qu-qui es-tu ?-Je suis toi, mais en même temps je ne le suis pas. Je suis ton double contraire, condamné à partager depuis notre naissance le même corps que toi.-Euu...Tu veux dire que tu vis là ? Le petit posa un doigt contre sa tempe en fronçant les sourcils.
-Exactement ! -mais...Tu ne peux pas prendre le contrôle du corps, si ? Et comment tu t'appelles alors ?Un autre sourire déforma mes lèvres et je lui répondit d'une voix enjoué :
-Je ne peux pas encore, on est trop petit ! Mais un jour j'échangerais les rôles et je serais enfin libre ! Oh et pour info je ne m'appelle pas. Personne ne me connaît alors personne ne m'appelle, logique non ?Lioka sembla...désolé pour moi ? Je venais de lui annoncer qu'un jour je l'enfermerais dans notre esprit et il semblait avoir... pitié de moi ?
-j’espère que tu y arriveras un jour,ça ne doit pas être drôle d’être enfermé dans ma...notre tête ! L'enfant sembla alors réfléchir un moment.
Que pense-tu de Liam ? Oui, oui ! C'est joli Liam Madoka ! Je ne répondis pas, quel idiot celui là, vraiment... Pourquoi une telle réaction ? Pourquoi était-il gentil avec moi?Il me connaissait à-peine...
-Liam? Tsss, je suppose que je n'ai pas le choix. Alors va pour Liam...Un murmure désapprobateur et je disparu, laissant Lioka seul face a son propre reflet.
-Je sais que tu es avec moi maintenant ! Alors je n'aurais plus jamais peur !Act II. Bloody melody
Quatre années passèrent, quatre années durant lesquelles Lioka et moi nous tînmes compagnie. Non pas que je l'aimas, mais au moins sa conversation faisait passer le temps. A huit ans, alors qu'il venait de se couper la main, je lui avais même promis de le protéger...idiotie ! Et pourtant aujourd'hui, alors qu'il courait entre les ruelles du village, rapportant une paire de ciseaux pour sa mère adoptive, j'allais devoir tenir ma promesse.
-Ne cours pas aussi vite !-désolé Liam, mais maman a absolument besoin de ces lames !Arrêt net. Trois garçons du même âge que nous barraient la route de Lioka, un sourire mauvais sur les lèvres.
-Alors le schyzo ? Tu parles encore à ton ami imaginaire ?Mon double essaya de les contourner mais le plus grand l'attrapa par le bras et le jeta sur le sol, tremblant de peur.
-Lioka espèce d'idiot tu vas bien ?-O-oui ! Il se releva alors avec difficulté et à mon plus grand étonnement leur tint tête.
-Liam n'est pas imaginaire ! Il existe dans ma tête et c'est mon frère ! Les garçons éclatèrent de rire et l'un d’eux se jeta sur lui, le plaquant brutalement au sol.
-Tu oses nous répondre pour nous mentir ? Très bien, tu en subiras les conséquences. On va t'apprendre devant qui tu dois t'agenouiller espèce de crétin !Mais c'est qui ces mecs ? Et pourquoi s'en prendre à Lioka...Enfin, si, je le savais très bien tout compte fait. C'était à cause de moi.
-Espèce d'abruti fini ! Défend toi !Semblant enfin sortir de sa torpeur il essaya de se débattre mais un deuxième garçons lui attrapa les bras et les lui tordit, étouffant un cri de douleur. Le ''chef'' de la bande s'accroupit alors devant mon jumeau et agrippa ses cheveux d'une main, le forçant à relever la tête. Levant alors son poing au dessus, il l’abattit durement contre la mâchoire de Lioka. Essayant de ne pas crier il sentit un goût de rouille sur la langue et cracha un liquide rougeâtre, juste avant de recevoir un autre coup, puis un autre et encore un autre...
Je ne mettais jamais senti aussi impuissant, condamné à regarder mon frère se faire passer à tabac. A moins que... oui, ils avaient dix ans après tout. Et puis, si cela marchait, je pourrais enfin être libre.
-Lioka, pousse toi, laisse moi la place.-Li-Liam, non tu...tu...-J'ai promis que je te protégerais, Je tiendrais ma parole. Alors bouge de là !Soudain, je pu sentir la terre sèche sous mes doigts écorchés, le doux parfum du sang, mais surtout, la douleur lancinante qui se répandait dans tout mon corps. Les trois brutes m'avaient relâché et commençaient à partir en riant de leur tour. Je serra les poings et me releva en titubant, un large sourire sur mes lèvres fissurées. M’apprêtant à les rappeler, mon pied butta durement contre quelque chose. La paire de ciseau affûté appartenant à notre mère adoptive. Intéressant.
Dans ma grande bonté et pour préserver vos âme, je vous passerai les détailles de cette scène. Sachez juste qu'au milieux des flaques de sangs et des supplications, je me suis beaucoup amusé.
Donc, revenons à nos meurtres...
les trois corps sans vies gisaient autour de moi, répandant à mes pieds un joli liquide rougeâtre. Ma main tenait encore la lame souillé et je la laissa choir sur le sol, éclatant subitement de rire, je commença à tourner sur moi même, offrant au soleil mon visage baigné de sang. Mon cœur semblait sur le point d'exploser de joie. Ces regards empli de détresse, ces cris de désespoir et de douleur... c'était tellement, tellement exaltant ! J'avais été dieu le temps de leur punitions, j'avais eu le pouvoir de vie et de mort entre les mains durant ce délicieux instant... Et alors que je tournoyais paume ouverte vers le sol, le sang tournoyait avec moi. Je venais de découvrir mon pouvoir, le blood control.
-Liam...ils...tu...-Ferme la crétin !Un cri d'horreur m’arrêta dans ma lugubre danse. La majorité des gens du village accouraient de toute part et commençaient à encercler le lieu, horrifiés.
Une femme fendit alors la foule, le visage baigné de larme.
-Lioka que...Qu'as tu fait ?-non. Moi c'est Liam.Tendant une main rougeâtre et poisseuse vers notre mère adoptive, je lui offris un rictus moqueur avant d'envoyer une lame de sang se ficher dans sa jolie gorge. Morte.
-LIAM ! Lioka pleurait et je pouvais sentir la profonde détresse de son âme. Délicieuse sensation...
Le petit peuple qui m'entourait me dévisageait avec haine et terreur, je voyais même certains hommes accourir avec des armes. Ils se croyaient vraiment capable de m’arrêter ? Pitoyable.
Les ignorant superbement je repris ma petite danse et recommença à tourner sur moi même. Le sang me suivi en tourbillonnant autour de moi alors que j'éclatais à nouveau de rire.
-Espèce de démon...Tu es fou !Le liquide rouge se figea en l'air alors que je m’arrêtais brusquement, un rictus déformant mes lèvres.
-Je ne suis pas fou. Je suis la folie même. Ta pire peur et ta mort passée...
Je choisi se moment là pour écarter les doigts, faisant exploser le sang en milliers d'éclat mortel autour de moi. Une odeur âcre flottait lourdement dans l'air alors que les rayons brûlants du soleil me chauffaient le visage ; Mon corps entier semblaient englué dans un liquide poisseux et je me décida enfin à ouvrir les yeux sur le silence qui m'entourait. Je pus me rendre compte que j'étais allongé dans une marre de sang, encerclé par les corps en décompositions des villageois. Depuis combien de temps je me trouvais là ? Deux jours au moins ? Il faut dire que j'avais un peu surestimé la résistance de mon corps...Me relevant avec difficulté je tituba jusqu'à la première battisse qui s'offrait à moi. Première étape, rincer le sang qui recouvrait la totalité de mon corps, deuxième étape, arrêter l’insupportable tiraillement de mon estomac, troisième étape, fuir se maudit village.
Act III.The mute and the murderer